jeudi 24 février 2011

Le bonheur…2000 ans d’histoire

L’émission 2000 ans d’Histoire animée par Patrice Gélinet sur France Inter était consacrée au bonheur mardi 2 février 2011. Il s’agissait d’une retransmission datant du 21 septembre 2009 dont l’invité était Georges Minois, historien et auteur de l’ouvrage L’âge d’or, histoire de la poursuite du bonheur (éditions Fayard 2009).

L’émission retrace donc en 30 minutes les temps forts de la poursuite du bonheur au cours de l’Histoire, d’Homère au Bonheur National Brut bhoutanais en passant par la philosophie des Lumières.

Tout commence avec le constat que l’on retrouve à la fois chez les grecs (Hésiode et Homère) et les chrétiens (la genèse) que le bonheur fait partie d’un âge d’or révolu suite à l’imprudence et la faiblesse des Hommes ou plus précisément des femmes. Pandore a ouvert la boîte des fléaux par curiosité et Eve a mangé le fruit défendu, ne résistant pas à la tentation.

Plus tard le bonheur réapparaît comme possible chez les Epicuriens et les Stoïciens mais dans une conception très restreinte et austère. L’Homme peut être heureux en se débarrassant de tous les désirs considérés comme superflu.

Au moyen-âge on retrouve les conceptions du bonheur issues des religions monothéistes. Le véritable bonheur ne se trouve que dans la contemplation divine, il ne peut donc pas être atteint sur terre depuis le pêcher originel. Saint Thomas et Saint François d’Assise reconnaissent toutefois l’existence d’un bonheur incomplet sur terre que l’on pourrait apparenter à la notion de plaisir.

L’époque de la renaissance voit resurgir l’idée d’une poursuite du bonheur sur terre. Ainsi les conquistadors pensaient retrouver le Paradis terrestre en découvrant l’Amérique.
Au même moment, Thomas More écrit Utopia, qui étymologiquement signifie « lieu du bonheur », ouvrage qui imagine un monde heureux. Cet univers imaginaire décrit une société très règlementée et cloisonnée qui témoigne du manque de confiance en l’être humain depuis le mythe du pêcher originel.

Le XVIIIe siècle semble être le siècle par excellence de la problématique de la poursuite du bonheur. Plus de 50 traités sur le bonheur sont écrits en un siècle. Les auteurs (Descartes, Voltaire, Sade…) décrivent un bonheur individuel qui peut être atteint par l’être humain par des moyens simples.

La fin de ce siècle voit naître la notion de poursuite du bonheur collectif avec la proclamation dans la déclaration d’indépendance américaine du « droit à la poursuite du bonheur ».
La déclaration des droits de l’Homme de 1793, restée lettre morte, proclame même en son article 1 « Le but de la société est le bonheur commun ». De telles promesses seront par la suite savamment écartées des textes constitutionnels français.

Georges Minois rappelle à juste titre que le concept de bonheur collectif peut faire l’objet d’une instrumentalisation dangereuse. N’est-ce pas au Cambodge qu’un génocide a été perpétré au nom du bonheur de tous ?

Enfin, Georges Minois et Patrice Gélinet reviennent sur une certaine obsession du bonheur qui semble avoir surgi dans les années 1980. Le Bhoutan, seul Pays dans le monde à avoir adopté le Bonheur national brut à la place du produit national brut comme indicateur économique et social est désormais pris pour exemple par d’éminents économistes (Stiglitz, Sen…) et de nombreuses organisations internationales (OCDE, ONU…).
Cette obsession n’est-elle pas finalement symptomatique d’un certain mal-être né dans les Pays occidentaux de la fin des 30 glorieuses ?

Lien du podcast :

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/2000ansdhistoire/index.php?id=83330

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