vendredi 18 février 2011

Comment mesurer le bonheur ?

C’est la question que posait Pascale Clark à Stéfan Lollivier, directeur des statistiques démographiques et sociales de l’INSEE et André Comte-Sponville, philosophe auteur de plusieurs ouvrages sur le bonheur, le 24 novembre 2010 sur les ondes de France Inter.

Le thème de l’émission est inspiré directement du rapport Stiglitz, Fitoussi et Sen. Le constat est donc que les indicateurs de croissance actuels ne sont pas suffisants, il est nécessaire d’y intégrer la notion de bien-être.

Les deux invités s’accordent pour dire que le bonheur collectif en soi n’existe pas puisque le bonheur est un sentiment individuel extrêmement subjectif. En revanche, il existe des malheurs collectifs qui sont identifiables et qu’il est possible de corriger au moyen de politiques publiques.

C’est ainsi qu’on ne mesure pas le bonheur collectif mais plutôt l’insatisfaction de chacun, et par conséquent la qualité de vie.

Stéfan Lollivier explique que l’INSEE a appliqué les critères du rapport Stiglitz pour tenter de mesurer la croissance. Ainsi désormais les statistiques comportent des données relatives aux conditions de vie matérielles, à la santé, à l’éducation, aux conditions de travail, aux contraintes financières, à la participation à la vie sociale et à l’insécurité économique et physique.
Si la notion d’amour n’apparaît pas comme un indicateur aisé à quantifier, les questions de cohésions sociales et de confiance dans les institutions devraient pouvoir être ajoutées à cette liste d’indicateurs.

Le philosophe André Comte-Sponville revient sur la question de la définition du bonheur. Il explique alors que le bonheur correspond à tout espace temps dans lequel la joie paraît immédiatement possible même si elle n’est pas encore réelle. A contrario, le malheur serait tout espace temps dans lequel la joie apparaitrait comme immédiatement impossible.

Ainsi, Comte-Sponville considère qu’il y a des aptitudes individuelles à être heureux. Par conséquent, il n’est pas exclu que certains peuples soient plus doués que d’autres pour être heureux. Il illustre son propos par l’exemple des sociétés occidentales qui, dans leur course au consumérisme semblent avoir perdu une certaine aptitude au bonheur.

A la question « l’argent fait il le bonheur ?», le philosophe répond qu’il n’y a pas de corrélation entre des niveaux de richesse et des niveaux de bonheur. En revanche on trouve des corrélations entre les niveaux d’enrichissement, c'est-à-dire le fait d’avoir plus qu’avant, et les niveaux de bonheur. De même, il apparaît que l’enrichissement par rapport aux autres peut être une source de bonheur.
Triste constat symptomatique du consumérisme effréné des sociétés occidentales.

Cette émission a le mérite de poser des questions intéressantes. Les contributions des deux invités sont relativement complémentaires et abordent les interactions entre bonheur individuel et bonheur collectif. On regrette toutefois que le format soit si court et ne laisse pas suffisamment le temps aux invités de s’exprimer.

Lien du podcast :

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/comme-on-nous-parle/index.php?id=98086

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